Le Trouvère |
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LIBRETTO | |
ACTE PREMIER Le duel En Aragon - Vestibule du palais de l'Alfaferia à Saragosse; porte latérale conduisant aux appartements du comte de Luna. Scène I Fernand et plusieurs vassaux du comte couchés près de la porte; quelques hommes d'armes se promènent au fond. Fernand - Alerte! Qu'on veille En attendant l'aube vermeille! Le Comte de Luna, Notre maître ... il est là... Sous les balcons de sa belle il soupire, En proie au plus sombre délire. Le Choeur - D'un amour trop jaloux Toujours le tourment le dévore. Fernand - Ce Trouvère qui, dès l'aurore, Redit ses chants si doux, Ce rival le trouble encore. Le Choeur - Pour chasser le sommeil Qui s'empare de nous, Redites donc, sur le frère du Comte, L'histoire qu'on raconte! Fernand - Volontiers! Amis, approchez-vous. Les Hommes d'armes - Quel conte? Les vassaux - Silence! Vous tous! Fernand - De mon martre le père avait Deux fils, seul espoir de sa vie. Près du berceau du plus jeune rêvait La nourrice endormie. Un jour, aux feux De l'aurore nouvelle, Lorsqu'elle ouvre les yeux, Près du lit de l'enfant qu'aperçoit-elle? Le Choeur - Quoi? Qu'était-ce? ... Grands Dieux! Fernand - Parait à ses regards Une sorcière Roulant des yeux hagards Sous sa paupière. Sur le pauvre ange, avec furie, La vieille attache un oeil d'envie... D'horreur saisie, Quand la nourrice appelle et crie, En hâte, dans l'ombre, Surviennent en nombre, Des gardes, des valets, En grand émoi courant dans le palais, Avec colère, avec menace, Chacun s'agite et veut qu'on chasse Cette sorcière, esprit du mal. On chasse du château ce démon infernal! Le Choeur - Juste colère, Pour la sorcière, Pour la mégère, Suppôt d'Enfer! Fernand - Elle venait, dit-elle, de l'enfant, Dévoiler l'horoscope . ... Dans son berceau voilà qu'au même instant La fièvre l'enveloppe... En cet accès brûlant, Pâle, débile, et de maux accablés. La pauvre créature, à l'Enfer immolée, Etait ensorcelée!!... La bohémienne un jour fut prise; Au bûcher même elle fut mise. Mais à sa fille étaient d'avance Légués le crime et la vengeance! ... Vengeance horrible! ... Et qui fut promte. La fille enlève le fils du Comte! Puis, à la place où le supplice, De la sorcière a fait justice, Parmi la cendre encore fumante, Des gens du peuple, au jour naissant Trouvé avec horreur les restes d'un enfant. Le Choeur - Pauvre victime! Horrible crime Qui légitime Le châtiment!! ... Son père? ... Fernand - Brisé par sa peine amère, Il avait comme un instinct secret Que ce fils respirait, Sauvé peut-être... Au moment de mourir, il manda notre maître. De rechercher son frère Il lui fallut promettre. Mais vains efforts!... Le Choeur - De ces forfaits L'auteur ne revint jamais? Fernand - Point de nouvelle!... Infâme! Cruelle! Ah, si je la trouvais! ... Le Choeur - La pourriez-vous reconnaître? Fernand - C'est un espoir qu'en mon coeurje sens naître. Oui... peut-être! Le Choeur - Comme sa mère, auteur du maléfice Que l'enfer l'engloutisse! ... Fernand - Qui? Sa mère?... Son âme ici plane dans l'air, Son spectre affreux souille ce monde; Et dans la nuit profonde Changeant de forme, elle apparaît souvent. Le Choeur - Vraiment! Les Hommes d'armes - Dans les murs funèbres, Oiseau des ténèbres, Lorsque tout est sombre, On l'entend dans l'ombre. Les Vassaux - Un cri de chouette Est son chant de fête; Brûlante son aile Aux fleurs est mortelle. Fernand - Passant, prends bien garde, Que le ciel te garde! Pour qui se hasarde, Pour qui la regarde La mort!... C'est le sort! Plus d'espoir! Le Choeur - La mort! Fernand - Il marche timide, Regarde livide L'oiseau funéraire Sortant de son aire. L'effroi qui le glace Trahit son audace; Il tombe sur place. Puis meurt à l'instant. Alors minuit sonne... On entend sonner minuit. Fernand et le Choeur - Ah! Que la foudre tonne!! Malheur au suppôt de Satan!!! On entend quelques coups de tambour. Les hommes d'armes se précipitent vers le fond, les vassaux se retirent du côté de la porte. Scène II Les jardins du palais; à droite, un escalier de marbre blanc conduisant aux appartements; la nuit est avancée; clair de lune voilé. Léonore, Inès. Inès - Qui vous arrête? Il est temps, hâtons-nous, La reine vous réclame, C'est l'heure. Léonore, à part - O rêve de mon âme, Ne viens-tu pas?... Inès - Ah! Quel malheur, madame, Vous menace! Funeste flamme!... Maudit le jour Où naquit un tel amour. Léonore - Dans la lice, superbe, Sous son haubert de noir acier, Il m'apparut ... puis, bondissant dans l'herbe, Vint arrêter sous mes yeux son coursier; De ses rivaux il hâta la défaite, Et par ma main fut couronné vainqueur! J'ai depuis ce jour de fête La mort au coeur!... Comme un rayon céleste, Sa douce image en vain me reste. Ecoute... Inès - Achevez! Léonore - Sort funeste!! M La nuit calme et sereine Couvrait l'immense plaine. La lune encore lointaine Au ciel montait à peine... Alors l'écho soupire Sur l'aile du zéphyre, Qui semble me redire Les plaines d'une lyre Qu'ils mêle à tour à tour A des refrains d'amour. Pour moi céleste ivresse! ... Ce chant plein de tendresse Disait avec tristesse Mon nom ... mon nom ... sans cesse. A cet accent suprême, J'accours ... c'était lui-même! Oh, quel bonheur suprême!... Mes sens ravis, mes yeux Voyaient s'ouvrir les cieux!! Inès - Pour vous, madame! Ah! Que de peine, Oui je frémis! Ma crainte... Léonore - Est vaine! Inès - Ah, je redoute un noir présage Qui nous annonce un long orage, Oubliez tout, Cédez aux voeux de l'amitié! Léonore - Le puis-je encore? Inès - De grâce! Léonore - L'oublier, lui que mon coeur adore! De moi n'as-tu pas pitié! M L'amour ardent, l'amour sublime et tendre A des accents que seul il peux comprendre... Ma voix l'appelle... au loin je crois l'entendre... Mon coeur est enivré. Je lui donnai mon âme tout entière, Je veut l'aimer jusqu'à l'heure dernière, Si je ne puis être à lui sur la terre Heureuse au ciel je le suivrai. Sans lui s'il me faut vivre Heureuse je mourrai, Heureuse au ciel je le suivrai. Par mon amour je l'ai juré, Sans lui je mourrai. Inès - Que le ciel nous délivre D'un malheur assuré! Léonore - Pourrais-je lui survivre?... Non, je mourrai. Elles montent au palais. Scène III Le Comte - La nuit est calme. Au loin, tout dort dans le silence. Chez notre reine auguste, on sait ma vigilance. O Léonore! Tes beaux yeux, Ainsi qu'un soleil radieux, Brillent dans mon ombre, Alors que tout est sombre Ah, Quelle ardente flamme A pénétré mon âme! ... O Léonore! Oui tu viendras, Cruelle, et malgré toi tu m'entendras. Les accords d'une lyre résonnent dans le lointain. Le Trouvère!... Qu'entends-je!... Le Trouvère, en dehors. Le Trouvère - Exilé sur la terre Quand il gémit solitaire... Ecoutez un instant Le troubadour chantant. Le Comte - O rage! O jalousie! Le Trouvère - Ah, que l'amour fidèle Touche ton coeur ma belle, Et reconnais l'accent Du troubadour passant. Scène IV Le Comte, Léonore Le Comte - C'est bien elle ... oui, c'est elle!... Léonore, (prenant Le Comte pour le Trouvère) Oh, Manrique, est-ce toi?... Quand je t'attends, que l'heure est lente, Et la fièvre brûlante Consume ton amante. Enfin c'est toi! Plus de pleurs, plus d'effroi, Mais le bonheur pour moi! Le Trouvère (de loin) - Perfide! Léonore stupéfaite - Qu'entends-je!... La lune se montre à travers les nuages et éclaire un autre personnage qui apparaît tout à coup. C'est le Trouvère. Scène V Les Mêmes, le Trouvère. Léonore reconnaissant le Trouvère - O Ah, quelle erreur! O ciel! Et quel mystère étrange, Je t'ai cru seul en cet instant! Ta voix, j'ai cru l'entendre, Et je venais t'attendre Ici, dans ce moment. Je n'aime que toi seul! Ah! Crois à mon serment! Le Comte - Perfide! Le Trouvère près de Léonore - O bien suprême! Le Comte - Redoute mon courroux! Léonore au Trouvère - Je t'aime! Le Comte - Fais-toi connaître ici de tous! Léonore à part - Hélas! Le Comte - Dis moi ton nom! Léonore - C'est tait de nous! Le Trouvère - Mon nom? Je suis Manrique! Le Comte - Ah! Tremble, indigne! Toi, proscrit, partisan d'Urgel, notre ennemi, Oser paraître ici! La mort est là regarde! Le Trouvère - Courage! Appelle donc ta garde! Pour tes rivaux, La hache des bourreaux Et l'infamie! Le Comte - Eh bien! Pour ces affronts nouveaux, Je veux, et j'aurai ta vie!... Viens! Léonore - Comte! Le Comte - Vil félon, redoute ma furie! Léonore - Que faire, hélas! Le Comte - Au combat! Le Trouvère - Marchons. Léonore - Grand Dieu! Mon sang se glace! Grâce!! Le Comte - Non! De fureur, de jalousie! Cette ardente frénésie Dont j'ai l'âme soudain saisie Doit te présager ton sort. Quand ta bouche lui dit : je t'aime, Ah! Crains tout de mon transport! Cet aveu, c'est l'anathème, La sentence de ta mort! Léonore (au Trouvère) - Ah! Méprise ce téméraire! Un tel combat me désespère! Ah! De grâce, entends ma prière! Et prends pitié de mon amour. (au Comte) Vois mes larmes! Vois ma souffrance! Mais ne garde plus d'espérance! S'il succombe, crains ma vengeance! Oui, crains ma haine, et sans retour! Le Trouvère (à Léonore) - Dans mon glaive mon âme espère Je ne crains rien de sa colère. Plus d'alarmes! Vaine prière! Je suis sauvé par ton amour! (au Comte) de combattre l'instant s'avance, oui, c'est l'heure de la vengeance. Ah! Perfide, crains ma vaillance, Tu vois luire ton dernier jour. Le Comte - Tremble! Vengeance! Crains ma vaillance! Oui, félon, j'aurai ta vie! Oh, crains tous de ma jalousie! Ton audace impie A dû te présager ton sort. Tremble! Félon! Car c'est ta mort. En vain ton bras est fort, De mon courroux vois le transport. Léonore (au Comte) - Vois mes larmes! Vois ma souffrance! Pour toi plus d'espérance! ... S'il succombe, crains ma vengeance! Crains ma haine, et sans retour! (au Trouvère) De mon amour vois le transport! A toi mon coeur jusqu'à la mort!!! Le Trouvère (au Comte) - De combattre l'instant s'avance, Oui c'est l'heure de la vengeance! Ah, perfide! Crains ma vaillance, Tu vois luirr ton dernier jour! De mon courroux vois le transport! Tremble, félon!... Car c'est ta mort. Le Comte - De mon courroux crains le transport! Déjà ton coeur pressent ton sort! En vain ton bras est fort, Tremble, félon! ... Car c'est ta mort!!! Les deux rivaux, l'épée nue, sortent en se menaçant. Léonore tente en vain de les retenir. Elle tombe évanouie. |
ACT ONE The duel Aragon - A hall in the palace of Aliaferia in Saragoza; to one side is the door of the apartments of Count de Luna. Scene I Fernand and a group of the Count's retainers are lounging near the door; in the background soldiers stand watch. El Fernand - Awake! We must stand watch, Awaiting the purple dawn! Count de Luna, Our master... he stands there... Beneath the balcony of his beloved, sighing, Prey to sombre ravings. Chorus - Jealousy Gnaws at his heart. Fernand - That troubadour who, from dawn to dusk Repeats his sweet song, That rival troubles him again. Chorus - To chase away the drowsiness That seizes us, Tell us again the story Of our Count's brother. Fernand - Gladly! Friends, come closer. Soldiers - What is it about? Retainers - Silence! All of you! Fernand - The father of my master had Two sons, his life's only hope. By the younger's cradle, The nurse dreamed fast asleep. One day, in the light Of the new dawn, When she opened her eyes, What did she see near the child's crib? Chorus - What? What was it? ... Good Lord! Fernand - Before her eyes appeared A witch, Her terrible eyes rolling In their sockets. Over the poor angel, with fury, The old hag cast an evil eye... Seized by horror, The nurse screamed for help, In no time, from every corner, Rushed in a multitude Of guards and servants; In great distress, running in the palace, Angered and threatening, They all wanted to drive off That witch, that evil spirit. Out of the castle that infernal devil! Chorus - Righteous fury, Against that witch, Against that hag, That fatal demon! Fernand - She came, she claimed, To cast the baby's horoscope... But at that very moment in his crib He developed a fever... Burning with heat, Pale, languid, weakened by illness, The poor creature, offered in sacrifice to Hell, Was bewitched!!... The gypsy, ultimately, was caught; She was burned at the stake. But to her daughter, before dying, She left an inheritance of crime and revenge! Foul revenge!...And it was prompt, The daughter abducted the Count's son! Then, in the very spot where The witch had been executed, Among a smouldering fire, Some passers-by, at day's break, Found, to their horror, a child's mortal remains. Chorus - Poor victim! So wicked a crime Deserves Punishment! And the father? Fernand - He was crushed by grief, But had a mysterious feeling, That his son was still alive, That he was safe From his deathbed he sent for our master, He made him swear That he would keep searching for his brother. But his efforts were vain! Chorus - Of that crime Was the author never found? Fernand - Never! Infamous woman! Wicked hag! Ah! If only I might find her! Chorus - Would you know her? Fernand - I have this hope in my heart, Yes I might! Chorus - Just like her mother, the author of the spell, May hell swallow her up!... Fernand - Who? Her mother? Her soul flutters in the air, Her frightful ghost soils this world; And in the dead of night, In various forms, it shows itself. Chorus - It's true! Soldiers - On gloomy walls, Bird of the night, When all is dark One hears it sing in the shadows. Retainers - The owl's cry Is its merry song; Its burning wing Makes flowers wither. Fernand - Passer-by, take care, May heaven help you! For whoever dares, For whoever stares at it, Death!... That's his fate! No hope! Chorus - Death! Fernand - He walks by fearfully. Casts a livid glance On the gloomy bird Flying out of its nest. The fright that freezes him Betrays his audacity; He falls dead On the very spot. Just then midnight chimes... A clock starts chiming midnight. Fernand / Chorus - Ah! Thunder and lightning!... Cursed be the hellish witch!!! A drum is heard. The soldiers move upstage, and the retainers withdraw through the side door. Scene II The gardens of the palace; at the right, white marble steps lead up to the apartments. It is night and clouds obscure the moon. Léonore Inès. Inès - What holds you back? It's time, let's haste, The queen has asked for you. It's time. Léonore, aside - Oh, dream of my heart, Are you not coming? Inès - Ah! What misfortune, my lady, Threatens you! Dangerous flame! Cursed be the day When such a love was born. Léonore - At the tournament, superb, Behind his black iron shield, He appeared to me... then, trotting across the meadow, He came to stop his steed before me; He had defeated all his rivals, And I placed the wreath of victory on his brow! From that merry day There is death in my heart! Like a ray from heaven, In vain is the sweet memory of him left to me. Listen... Inès - Enough! Léonore - Cruel fate!! The night was peaceful and lovely Over the boundless plain. The moon in the distance Was rising in the sky When the echo whispered Over the breeze, Which seemed to repeat The mournful chords of a lyre Accompanying A love song. What elation I felt! That tender song Repeated melancholically My name my name incessantly. At that sweet call I ran... it was he! Oh, utter joy! I was enraptured, my eyes Beheld heaven itself! Inès - For you, my lady! I feel such sorrow, How I tremble! I fear... Léonore - In vain! Inès - Ah! I am filled with a sinister foreboding, Announcing a long storm, Forget him, Heed the counsel of a friend! Léonore - Can I? Inès - For pity's sake! Léonore - Forget him, whom my heart adores!... You feel no pity for me! Fervent love, sublime and tender love Speaks a language that only he can understand ... My voice calls him ... I think I can hear his from far My heart is enraptured. I have given him my soul, I shall love him till my last hour, If I cannot be his on this earth, I shall follow him to heaven. If I must live without him, I shall be happy to die. I shall be happy to follow him to heaven. I swear it by my love, Without him I shall die. Inès - May heaven deliver us From assured misfortune! Léonore - Could I ever survive him?... No, I would die. They walk up the steps into the palace. Scene III Count - The night is calm. All is silently asleep. I keep watch over our royal lady. On, Léonore! Your fair eyes, Like a bright sun Light up my darkness, Where all is sadness. Ah! What burning fire Seethes in my heart! Oh, Léonore! Yes, you will come, Cruel lady, and you will listen to me. He hears the chords of a lyre in the distance. The troubadour! ... What do I hear!... The Trouvère, from without Trouvère - An exile on this earth, Wailing in his loneliness... Listen for one moment To this singing troubadour, Count - Oh, rage! Oh jealousy! Trouvère - May faithful love Touch your heart, my fair lady. And make you recognise the song Of this passing-by troubadour. Scene IV The Count, Lèonore. Count - It is she ... yes, it is she!... Léonore mistakes the Count for the Trouvère - Oh, Manrique, is it you? Waiting for you, time seems to stand still, And a burning fever Consumes your beloved, Finally you are here! No more tears, no more fretting, But only happiness for me! Trouvère from far - Wicked woman! Léonore greatly surprised - What do I hear!... The moon emerges from the clouds, revealing a figure. It is the Trouvère. Scene V The above, the Trouvère. Léonore recognising the Trouvère - Ah! What a mistake! Oh, heaven! What a strange thing, I thought you were here alone! I thought I heard your voice, And I came right away To meet you. I love only you! Ah! I swear to you, believe me! Count - Wicked woman! Trouvère close to Léonore - Oh, sublime love! Count - Fear my wrath! Léonore to the Trouvère - I love you! Count - Say who you are! Léonore aside - Alas! Count - Tell me your name! Léonore - We are done for! Trouvère - My name? I am Manrique! Count - Ah! Tremble, unworthy man! You, an exile, a follower of Urgel, our enemy, You dare come here! You have come to your death look! Trouvère - Come then! Call the guards! For your rivals The executioner's axe And disgrace! Count - For these new offences, I want your life, and I will have it! Come! Léonore - Count! Count - Coward, fear my fury! Léonore - What is there to be done, alas! Count - Let us fight! Trouvère - Let us go. Léonore - Good Lord! Blood freezes in my veins! For pity's sake!!! Count - No! Fury! Jealousy! The indignation That suddenly seizes my soul Marks your fate. Since you have told him: "I love you"; Ah! You must fear my wrath! That confession is a curse, It is your death sentence! Léonore (to the Trouvère) - Ah! Don't pay heed to that fool! A fight would drive me to despair! Ah! For pity's sake, listen to my prayer! Have pity on my love. (to the Count) Look at my tears! Look at my suffering! But beware! If he dies, fear my vengeance! Yes, you shall have to endure my eternal hatred! Trouvère (to Léonore) - I rely on my sword, I do not fear his wrath, No more fright! No more prayers! I am saved by your love! (to the Count) The time to fight is drawing near, Yes, it is the hour of revenge. Ah! Rogue, fear my bravery, Your last day has dawned. Count - Tremble! Revenge! Fear my bravery! Coward, I shall have your life! Ah! Fear my jealousy! Your impious audacity Has marked your fate. Tremble! Rogue! Death is your fate. In vain your arm is strong, Look at the fury of my rage. Léonore (to the Count) - Look at my tears! Look at my suffering! Beware!... If he dies, fear my vengeance! You shall have to fear my eternal hatred! (to the Trouvère) Look how deep my passion is! My heart is yours until I die!!! Trouvère (to the Count) - The time to fight is drawing near, Yes, it is the hour of revenge! Ah, wicked man! Fear my bravery This day will be your last! Fear the fury of my rage, Tremble, rogue! ... Death is your fate. Count - Fear the fury of my rage! Your heart has decided your fate! In vain your arm is strong, Tremble, rogue!... Your fate is death!!! The two rivals draw their swords; Léonore falls senseless to the ground. |
ACTE II La Bohemienne En Biscaye. Montagnes escarpées et arides sous un ciel enflammé; un grand feu brûle au milieu du théâtre. Le point du jour. Scène I Azucena, assise près du feu, Manrique le Trouvère, est assis auprès d'elle, couché dans son manteau; une troupe de bohémiens, dispersés ça et là. Les Bohémiens - Le jour renaît... admirez ce coup d'oeil! Le manteau de la nuit s'est levé de la terre. Comme une veuve abandonnant son deuil, La nature dépouille un funèbre mystère! Vite à l'ouvrage! Courage! Ils prennent des marteaux et frappent en cadence sur des enclumes. Au bohémien joyeux Qui fait braver la peine?... Un regard de deux beaux yeux, Qui de son coeur bannit la peine?... La bohémienne! Les hommes tendent leurs coupes aux femmes, qui leur versent à boire. Versez, encore, à tasse pleine Le vin généreux!... Trinquons gaiement et soyons tous heureux! Au lever d'un beau jour redoublons de courage! Vite, à l'ouvrage! Vite, courage! Au bohémien joyeux Qui fait braver la peine? Un regard de deux beaux yeux, La bohémienne!... Les bohémiens se groupent autour d'Azucena. Azucena - La flamme brille... au loin la foule Accourt, semblable au flot qui roule. Passe une femme, humble, enchaînée, Vers le supplice elle est traînée... Le glas résonneEt du bûcher cruel La flamme immense... S'élance Au ciel!... La flamme brille, et la captive Pâle, mourante, enfin arrive, Un cri s'élève, L'écho l'emporte et le répète Le glas résonneet du bûcher cruel La flamme immense S'élance Au ciel! ... Les bohémiens - Que ta chanson est triste... Azucena - Elle est moins noire que l'histoire Dont je garde la mémoire... (Bas, se tournant vers Manrique.) Vengeance! Vengeance! Le Trouvère à pari - Toujours Cet étrange discours!... Un bohémien - Amis! Que l'on m'écoute!... Il faut gagner son pain, Allons!ce chemin Mène à la ville... En route!... Ils prennent leurs outils et descendent dans le vallon sur la reprise du choeur. Au bohémien joyeux, etc. (Les chants se perdent dans l'éloignement). Scène II Azucena, the Trouvère. Le Trouvère (se levant) - Nous voilà seuls... Quelle est cette histoire terrible? Azucena - Tu l'ignores aussi? Oui... ta jeunesse à la gloire sensible, N'eut pas d'autre souci. De ton aïeule, hélas! c'était l'histoire. O mon fils, pourras-tu me croire? Un seigneur orgueilleux l'accusa faussement D'avoir osé sur un enfant Jeter Lin sortilège! Le Trouvère - O sacrilège! Azucena - C'est là qu'ils l'ont traînée, En larmes, enchaînée, Victime infortunée, Aux flammes condamnée! De loin par moi suivie, A l'heure d'agonie, Ma mère tant chérie M'a vue et m'a bénie... Une horde sauvage Me ferme le passage; Et puis des cris de rage L'accablent sous l'outrage ... A cette dernière heure, "Vengeance!..." a-t-elle dit..., Maudite que je meure Si ma haine faiblit! ... Le Trouvère - Et ta vengeance? Azucena - Un jour je prends le fils du Comte... Je l'emmène avec moi... Déjà la flamme monte ... Le Trouvère - La flamme!... ô ciel!... un crime! ... Azucena - Comme il pleurait! ... Pauvre victime! ... Mon coeur brisé, palpitant, S'attendrit un instant... L'effroi, soudain, m'accable! ... Un spectre lamentable A mes regards se lève... Il me poursuit sans trêve... Délire... horrible rêve... Je vois l'affreux bûcher... Ma pauvre mère avance J'entends encore ce mot fatal: Vengeance! J'étends ma main tremblante... Aussitôt, dans le feu La victime lancée a satisfait mon voeu ... La vision se passe et disparaît rapide ... La flamme seule brille, et le bûcher est vide... Là... de mes yeux hagards Se tournent les regards. Que vois-je? ô ciel! ... Le Trouvère - Effroi suprême! ... Azucena - C'était mon fils Que j'ai brûlé moi-même!! Le Trouvère - Quelle horreur! Jour de crime et de fureur! ... Azucena - Ah! C'était mon fils... Brûlé par moi, oui, par moi-même!... Le Trouvère - Horreur! Oh, terreur! Azucena - Oh, trop fatale erreur! Mes cheveux se sont dressés d'horreur! Le Trouvère - Je ne suis pas ton fils! Eh bien, qui suis-je? Azucena - C'est toi, mon fils! Le Trouvère - Eh, quoi! Ma mère... Azucena - Oui, moi, te dis-je. Quand je sens revenir Ce fatal souvenir, Mon esprit rêve encore une folle chimère. Parle, ne sais-tu pas tout mon amour de mère? Le Trouvère - Oui, je vous crois. Azucena - C'est moi Qui protégeai ton jeune âge. Un soir, l'en souvient-il? Dans les champs du carnage Sur tes pas j'allai sans effroi. Pour te sauver j'avais tout mon courage. On disait que la mort avait frappé sur toi... Mes tendres soins te rendirent la vie, Je sauvai ta jeunesse à mon amour ravie. Le Trouvère - Il est vrai que je fus blessé ... Mais avec honneur en face! Seul, au milieu de mon camp dispersé, De l'ennemi j'affrontai la menace. Le Comte de Luna, mon rival, En poussant son cheval, Sur moi s'élance, Je tombe alors frappé d'un coup de lance, Azucena - Le Comte en duel, Un jour te dut la vie. Ton bras d'un coup mortel Menaçait le cruel. Tu lui fis grâce... oh! Pourquoi donc? L'impie! ... Le Trouvère - Ma mèreje ne sai. Azucena - Insensé! (À part) Etrange pitié! Le Trouvère - Au milieu de la carrière Il tomba sanglant dans la poussière. Sous ma dague meurtrière Je tenais mon ennemi... Quand soudain une terreur secrète Me saisit Et mon bras s'arrête... Je frissonne... fatal instant!... Un froid mortel glace mon sang Puis une voix plaintive et tendre Du haut du ciel me fait entendre Ce cri: Pitié pour lui!... Azucena - Ah! Le coeur du noble Comte, Serait-il si généreux? Oh! Pour lui je veux la honte D'un trépas, d'un sort affreux! S'il t'osait encor combattre, A tes pieds il faut l'abattre. Que ta dague vengeresse Frappe cet infâme au coeur! Ensemble - Que ma/ta dague vengeresse Sans pitié le frappe au coeur! Point de grâce! De faiblesse! Le Trouvère - Qu'il redoute son vainqueur, Oui, mon bras sera vainqueur. Azucena - Venge nous et sois vainqueur, Oui frappe-le d'un fer vainqueur. Le Trouvère - Un messager vers nous s'avance. Qu'est-ce donc? Azucena (à part) - Vengeance! Scène III Les memes, le messager. Le Trouvère - De nos combats Quelle nouvelle! Le Messager (présentant une lettre) - Lis... lis, et tu le sauras. Le Trouvère (lisant) - "Accours dans Castellor! La ville s'est livrée! Mais le bruit de ta mort A suivi nos exploits. Léonore éplorée Aujourd'hui prend le voile au couvent de la Croix." O juste ciel! ... Azucena - Mon fils... Le Trouvère (au Messager) Va vite... Oui, cours sur l'heure. Que mon coursier soit prêt là-bas. Le Messager - C'est bien. Azucena (l'arrêtant) - Demeure... Le Trouvère - Va... le temps presse... cours! Va m'attendre.... pars vite... Azucena - Quel trouble t'agite? Le Trouvère (à part) - Faut-il la perdre et pour toujours!... Azucena - Pourquoi partir? Le Trouvère - Adieu!... Azucena - Non! Reste! Le Trouvère - Ordre funeste! Azucena - Je le veux! Obéis-moi! ... O mon fils! Toi Que j'adore, Au péril courir encore! Vois l'effroi qui me dévore, Veux-tu fuir quand je t'implore! C'est la mort qui te menace! De terreur mon sang se glace. Mets un terme à ton audace! Peux-tu voir couler mes pleurs? Prends pitié de mes douleurs! Cède, cède à mes pleurs! Le Trouvère - Cet instant pour moi suprême Me ravit celle que j'aime. Ah! Du ciel, du ciel lui-même Que je brave l'anathème! Laisse-moi partir, ma mère! Cède enfin à ma prière, Ah! Tu vois ma peine amère! Je succombe à mes douleurs. Ensemble Azucena - C'est la mort qui te menace! Mets un terme à ton audace. De terreur Mon sang se glace, Prend pitié de ma douleur. Reste mon fils! Cède à mes voeux. Mon fils, je meurs, adieu! Le Trouvère - Laisse-moi partir de grâce! Le malheur Qui nous menace Double encore mon audace. Ah! Parfois dans ma pâleur, Grand Dieu! Il faut partirma mère, adieu!!! Le Trouvère s'éloigne malgré les efforts d'Azucena qui veut le retenir. Scène IV Un cloître; arbres au fond; il fait nuit. Le Comte, Fernand, quelques affidés s'avançant mystérieusement, enveloppés dans des manteaux. Le Comte - Tout est désert, et l'hymne accoutumée Ne s'entend pas encor, J'arrive à temps. Fernand - Quelle entreprise avez-vous donc formée?... Le Comte - Courage! Et cette femme aimée Deviendra ma conquête: en ce lieu je l'attends. Loin d'un rival, mon coeur enivré d'espérance, Brûle d'avance. C'est en vain qu'elle cherche un refuge à l'autel! Non! Non! Sois à moi, Léonore! Viens, je t'adore D'un amour éternel! Son regard, son doux sourire Tout ajoute à mon délire, Et dans l'air qu'elle respire Je respire le bonheur. Quand pour elle je soupire, Qu'elle épargne mon martyre! Car le trait qui me déchire Me pénètre au fond du coeur Les cloches sonnent. Qu'entends-je! ô ciel! Fernand - Voici l'instant du sacrifice. Le Comte - Avant qu'elle n'ait pris le voile, qu'on l'enlève! Fernand - Soyez prudent! Le Comte - Cet amour est mon rêve! Cachez-vous tous dans ces détours secrets. Désormais, Elle est à moi pour jamais! Fernand et les Affidés (s'éloignant) - Allons, amis, et cachons-nous! Sachons tromper les yeux jaloux, Gagnons le prix promis pour tous! Seigneur, nos bras, nos coeurs ne sont qu'à vous. Le Comte - Cruelle impatience! Heure trop lente, avance! Fuyez, périls, souffrance! Je vois s'ouvrir le ciel! En vain un Dieu sévère L'entraîne vers l'autel. Te perdre, ô toi si chère, Serait pour moi le coup mortel! Fernand et les Affidés (dans l'ombre) - Allons, amis, cachons-nous, etc. Le Comte - Je veux braver un Dieu sévère, A moi ce coeur, ces yeux si doux! Oui, je veux être son épux, Allons, à nous! Le bonheur luira pour nous! Choeur des Religieuses (en dehors) - L'exil est sur la terre! Pour un divin mystère, Une voix salutaire T'appelle parmi nous. Dans ce lieu solitaire Brille un soleil plus doux. Le Comte - Je veux braver Un Dieu jaloux, A moi bientôt Le nom d'époux. Fernand et les Affidés - Allons, amis! Sachons tromper Les yeux jaloux. Choeur des Religieuses - Dans ce séjour paisible, Au mal inaccessible, Dieu, pour les coeurs visible, Prodigue sa faveur, Et sa bonté sensible Couronne la ferveur. Viens prier, viens avec nous, Fernand et les Affidés - Allons, amis! A nous, à nous! A vous bientôt Le nom d'époux. Les Religieuses entrent en scène et viennent au devant de Léonore. Scène V Léonore, Inès, quelques suivantes. Léonore - Pourquoi pleurer? Inès - Hélas! Nous perdons une amie. Léonore - Ah! Ne me plaignez pas. Pour moi, Dans cette vie, L'espoir n'est plus... funeste loi! Je me consacre au Seigneur, Consolateur Des maux de ce monde! Je vais goûter la paix profonde Que le ciel garde à ses élus Sur terre. Sur moi ne pleurez plus. Inès si chère, Adieu donc désormais! Elle va pour sortir; le Comte paraît tout à coup. Scène VI Les mêmes, le Comte, Fernand, les affides. Le Comte (s'avançant) - Non! Jamais' Inès et le Choeur - Le Comte!! ... Léonore - Juste ciel! ... Le Comte - Non! sur ma vie, Je brise tes liens! Inès et le Choeur - Audace impie! ... Léonore - Insensé, de quel droit? ... Le Comte - Tu m'appartiens! Le Comte fait pour saisir Léonore... Le Trouvère paraît. Tous - Ah!!!... Scène VII Les Mêmes, le Trouvère. Léonore - O ciel! Manrique! Est-ce bien lui!... Il vit! Il vit encore!... Quel Dieu clément t'envoie ici?... O toi... toi que j'adore!... Un feu divin rayonne en moi! Dieu cède à ma prière... Descends-tu sur la terre? Au ciel suis-je avec toi? Le Comte - De leur tombeau parfois les morts Quittent donc la poussière! Le Trouvère - Pour te punir, tu vois, Dieu vengeur m'a laissé la terre. Ensemble Le Comte - L'Enfer vomit pour mon malheur Sa proie et ma victime. Le Trouvère - Un chevalier, par sa valeur, Déjoue ainsi le crime. Le Comte - Si de tes jours trop odieux Rien n'a rompu la trame, Sur mon âme! Tu vas quitter ces lieux, Oui, spectre mystérieux! Le Trouvère - Du meurtrier mystérieux Dieu déjoua la trame, Et c'est lui, sur mon âme! Qui me guide en ces lieux. Léonore - Ah! Pour moi s'entr'ouvrent les cieux. Ensemble Léonore - Oh! N'est-ce pas du ciel un rêve Offert à moi dans ce moment! Merci, mon Dieu! Fais qu'il s'achève, Et mets un terme à mon tourment! Transport d'amour! sublime extase! En qui mon coeur reprend espoir; Rayon divin, ton feu m'embrase Et je succombe à ton pouvoir! Le Trouvère - Non, ce n'est pas une ombre, un rêve Qui s'offre à toi dans ce doux moment. Un doux rayon au ciel s'élève, Au ciel pour nous clément. Transport d'amour! sublime extase! Par qui mon coeur renait à l'espoir; Ton feu divin m'embrase... Je cède à son pouvoir! Le Comte et Fernand - Oh! N'est-ce pas une ombre, un rêve De l'Enfer dans ce moment! Ah! Quel orage ici s'élève, Cause, hélas! De mon tourment! Le Comte - Quel triste rêve Pour moi s'achève en ce moment! Transport d'amour, brûlante extase, Faut-il donc perdre l'espoir? Quand cet ardeur, hélas! M'embrase Il l'a soustrait à mon pouvoir, Lorsque l'extase d'amour m'embrase Hélas! Ne faut-il plus la voir, jamais la voir! Fernand - Hélas! Ah, quel orage éclate en ce moment! Transport d'amour, brûlante extase, Doit-il donc perdre l'espoir? Elle n'est plus en son pouvoir, Pour lui non plus d'espoir! Inès et le Choeur de femmes - Oui, dans ce jour le ciel clément A pris pitié de son tourment! Son coeur enfin reprend l'espoir, Et Dieu nous montre son pouvoir. Les Affidés - Le sort, en ce moment, Trahit les voeux d'un tendre amant; Hélas, elle n'est plus en son pouvoir! Scène VIII Les Mêmes, Ruiz, à la tête d'une troupe d'hommes. Ruiz et les siens (accourant) - Vive! Manrique! Le Trouvère - Ah! Mes amis! Ruiz Viens! Viens! Le Trouvère (à Léonore) - Il faut me suivre! Le Comte (s'opposant) - Téméraire! Ruiz et les siens - Aux armes! Le Trouvère (au Comte) - Arrière!... Le Comte - Tu voudrais me la ravir?... Non! Il tire l'épée et est désarmé par les gens de Ruiz. Fernand et les Affidés - Nous sommes trahis! Le Comte - Ah! La fureur a troublé mes esprits! Ensemble Léonore et Inès - Je tremble! Je frémis! Le Trouvère (au Comte) - Misérable! Oui, que tes jours soyent maudits! Ruiz et les siens - Maître, oui, Par le ciel nos efforts sont bénis! Le Comte - Oh! Colère! Fureur! Ah! Soyez tous maudits! Fernand et les Affidés - Cède, ah! Nos efforts sont trahis! Les Religieuses - Ah! L'effroi trouble tous nos esprits!... Léonore et le Trouvère (seuls) - D'espoir, d'amour, d'ivresse, Cette heure enchanteresse Transporte nos esprits! Ensemble final Léonore et le Trouvère - Tous deux soyons unis!! Ruiz et les siens - Tous deux soyez unis!! Le Comte et Fernand - Tous deux qu'ils soient maudits!!... Inès et les Religieuses - Tous deux qu'ils soient bénis!! Les Affidés - Nos efforts sont trahis!!... Le Trouvère emmène Léonore. Le Comte est repoussé. Les femmes effrayées se retirent vers le cloître. |
ACT TWO The Gipsy In Biscay. Barren mountains under a purple sky; a fire is burning in the middle of the stage. It is dawn. Scene I Azucena sits by the fire, Manrique sits besides her, wrapped in his cloak; a gypsy band is scattered about. Gypsies - A new day is born ... Look at that sight! Night's veil has been lifted from the earth. Like a widow who lays aside her mourning, Nature casts aside a sombre mystery! To work, quick! To work! They take up some hammers and start striking rhythmically on anvils. What helps a merry gypsy Stand his toil? The glance of two fair eyes, Who lifts the sorrow from his heart? The gypsy maiden! The men give their cups to the women, who fill them up. Pour out, fill up the cup With generous wine!... Let's drink up gaily and be happy! At the break of a beautiful day let's double our courage! Quick, to work! Who helps a merry gypsy Stand his toil?... The glance of two fair eyes, The gypsy maiden! The gypsies gather around Azucena. Azucena - The flames are glowing the crowds Run closer, like a rolling wave. A humble woman walks by in chains, She is lead to her death The knell tolls and of the cruel stake The enormous flames Rise To the sky! The flames are glowing, and the victim, Pale, at death's door, finally arrives. A scream breaks forth, The echo carries it and repeats it The knell tolls... and of the cruel stake The enormous flames Rise To the sky!... Gypsies - Your song is sad... Azucena - Less sombre than the story Etched on my memory... (Aside to Manrique) Vengeance! Vengeance! Trouvère Aside - Always That same mysterious story!... A gypsy man - My friends! Listen to me!... We must earn our daily bread, Let's go! ... That road Leads to town ... come!... They pick up their tools and walk down the slope on the repeat of the chorus. Who helps ... etc. (Their singing fades away). Scene II Azucena, the Trouvère. Trouvère (Standing up) - Now we are alone... What is that terrible story? Azucena - Even you do not know it? Yes your youth makes you sensitive only to glory You have no other concern. Alas! It was the story of your ancestress. On, my son, will you believe me? A haughty count falsely accused her Of having cast a spell On a child! Trouvère - Oh, sacrilege! Azucena - That is where they dragged her, In tears, in chains, Unfortunate victim Sentenced to the stake! Followed by me at a distance, At the hour of her death, My dear mother Saw me and blessed me A savage horde Blocked my way; And then with angry shouts They insulted her At her last hour "Vengeance!" she said May I die cursed Should my hatred ever subside! Trouvère - And your revenge? Azucena - One day I stole the Count's son. I took him with me The flames were ready Trouvère - The flames! Oh heaven! A crime! Azucena - How he was crying! Poor victim! My heart, torn, throbbing, Softened a little Suddenly I was filled with fear! A mournful ghost Rose in front of my eyes It tormented me without respite A raving... a horrible nightmare I saw the fearful flames My poor mother advanced I heard again the fateful word: Vengeance! I reached out my trembling hand... And in the flames I threw the victim and fulfilled my promise... The vision faded and quickly passed... Only the fire gleamed, and the flames were empty... There... I turned my fearful eyes To look. What did I see? Oh heaven!... Trouvère - Oh fright! Azucena - It was my own son I had cast into the flames! Trouvère - What horror! Day of crime and of wrath!... Azucena - Ah! It was my own son!... That I myself had burned!... Trouvère - Horror! Oh, terror! Azucena - Oh, fateful mistake! My hair stood on end for the horror! Trouvère - I am not your son!... Then who am I? Azucena - It is you, my son! Trouvère - You, my mother... Azucena - Yes, I tell you, it is I. When those horrible memories Come back to me, My spirit gets lost in wild ravings again. Say! Dont'you know how much I love you? Trouvère - Yes, I believe you. Azucena - It is I That protected your childhood. That night, have you forgotten it? On the battlefield I retraced your steps fearlessly. To come and save you I summoned all my courage. They told me you were dead... My tender care restored you to life, I saved your youth, stolen from my love. Trouvère - It is true, I was wounded... But I fell as a brave man, facing the enemy! Alone, amid my scattered troops I faced the enemy. Count de Luna, my rival, Spurring his horse, Was fast upon me, I fell down, wounded by his lance-thrust. Azucena - Yet in a duel You once spared the Count's life, Your arm was about to strike him With a mortal blow. You let him go... oh! Why? That villain! Trouvère - Mother... I do not know. Azucena - Fool! (Aside) How strange, this pity! Trouvère - In the middle of the battlefield He fell, bleeding, in the dust. Under my death-threatening dagger My enemy lay helpless... When suddenly a mysterious fright Seized me... And my arm was held back I shuddered... Fatal instant! A chill ran through my body, Then a mournful and tender voice From heaven Cried out: Have pity an him! Azucena - Ah! Would the Count's noble heart Have been so generous? Oh! I wish for him a disgraceful Death, a dreadful fate! Should he ever dare challenge you again, You must kill him. Your avenging dagger Pierce that rogue's heart! Together - Your/my avenging dagger Pierce that rogue's heart without mercy! No pity! No hesitation! Trouvère - He must fear his defeater, Yes, my arm will be victorious. Azucena - Avenge us and be victorious Strike him with your victorious sword. Trouvère - A messenger is approaching. Who is it? Azucena (aside) - Vengeance! Scene III The above, the messenger. Trouvère - What news do you bring us Of the battle? Messenger (giving him a letter) - Read this, and you will know. Trouvère (reading) - "Come at once to Castellor! The city has been taken! But a rumour that you are dead Has spread after our victory. Léonore, broken-hearted, Today will take the veil in the Convent of La Croix." Oh, merciful heaven! Azucena - My son Trouvère (To the messenger) - Hurry... run, Waste no time. Ready my horse for me. Messenger - Right away. Azucena (blocking his way) - Do not go... Trouvère - Leave... waste no time... hurry! I shall join you... go quickly... Azucena - What is troubling you? Trouvère (aside) - To lose her and forever! Azucena - Why are you leaving? Trouvère - Farewell!... Azucena - Wait! Stay!... Trouvère - Grievous command! Azucena - I order you! Obey me!... Oh, my son! Whom I adore, To risk your life again! Look at the fright that racks me, Will you flee while I implore you to stay? You will run to your death! My blood is frozen with terror. Curb your audacity! Do you not see the tears wetting my cheeks? Have pity on my sorrow! Yield to my weeping! Trouvère - This fateful moment Is stealing me the one I love. Ah! Of heaven itself I shall challenge the curse! Let me go, mother! Yield to my beseeching, Ah! You see my deep sorrow! I am crushed by grief. Together Azucena - You will run to your death! Curb your audacity! My blood Freezes with terror, Have pity on my sorrow. Stay, my son! Yield to my prayers. My son, I die, farewell! Trouvère - Let me go, for pity's sake' The adversity That threatens us Increases my courage. Ah! Weak as I am, Good Lord! I must leave... mother, farewell!!! The Trouvère rushes off as Azucena vainly tries to detain him. Scene IV A cloister; trees are at the back. It is night. Count di Luna, Fernand, and some retainers enter cautiously, wrapped in their cloaks. Count - All is deserted, and the habitual song Is not yet heard. I have come in time. Fernand - What is your plan, then?... Count - To pluck up courage! And the beloved woman Shall be mine: I stand here waiting for her. My rival gone, my heart has regained hope, And burns with passion. In vain does she look for shelter behind the altar! Ah, no! Be mine, Léonore! Come to me, I love you With neverending passion' Her eyes, her sweet smile Intoxicate me, And in the air she breathes I breathe happiness. For these sighs that I heave for her May she spare me this torture! The anguish that torments me Gnaws at my heart! Hearing the bells chime What's this I hear! Oh, heaven! Fernand - The moment of the vows has come. Count - Before she takes the veil, we'll carry her off! Fernand - Be careful! Count - Her love is all I desire! Hide yourselves in those shadowy alleys. Before long She'll be mine forever! Fernand / Retainers (withdrawing) - Let's go, my friends, and hide! Let's elude the jealous eyes, Let's earn the prize that we were promised! Master, our arms, our hearts are all for you. Count - Cruel impatience! Slowly-elapsing time, fly past! Go away, dangers, troubles! I see the heavens above me! In vain a rigorous God Calls her to the altar. To lose you, my beloved, Would give me a mortal blow! Fernand / Retainers (in the shadows) - Let's go, my friends, and hide, etc. Count - I am going to challenge a rigorous God, Her heart, her sweet eyes shall be mine! Yes, I shall be her husband, Let's go! We shall be happy! Choir of nuns (from without) - Exile is here on this earth! By a divine mystery, A salutary voice Calls you among us. Over this solitary place Shines a softer sun. Count - I shall challenge An envious God, Soon I will be called A husband. Fernand / Retainers - Let's go, friends! Let's elude The jealous eyes. Choir of nuns - In this pleasant dwelling, Inaccessible to evil, God, who speaks to the hearts, Heaps his favours, And his kindness Rewards our fervour. Come to pray, come among us. Fernand / Retainers - Let's go, friends! Let's go! Soon you shall be called A husband. Enter the nuns, who move to stand before Léonore. Scene V Léonore, Inès, retainers. Léonore - Why are you weeping? Inès - Alas! We are losing a friend. Léonore - Ah! Do not weep. For me, This life. Holds no more hope... cruel fate!... I devote myself to the Lord, Comforter Of the troubled of this world! I am going to enjoy the perfect peace That heaven grants his chosen ones On earth, Cry no more for me. Dearest Inès, Farewell! She turns to leave; the Count bursts onto the scene Scene VI The above, Count de Luna, Fernand, retainers. Count (coming forward) - No! Never! Inès / Nuns - The Count!!... Léonore - Good heaven!... Count - No! Upon my life, I break your bonds! Inès / Nuns - Such blasphemous boldness!... Léonore - Fool, by what right?... Count - You belong to me! He turns to grab Léonore ... the Trouvère appears. All - Ah!!!... Scene VII The above, the Trouvère. Léonore - Heaven! Manrique! It is he!... He is alive! He is still alive!... What merciful God sends you here?... You, that I adore!... A divine flame gleams within me! God answers my prayer Have you come down from heaven? Or am I in heaven with you? Count - The dead, then, Can raise from the dust of their tombs! Trouvère - To punish you, as you can see, The God of vengeance has left me on the earth. Together Count - To harm me, hell spits out His prey and my victim. Trouvère - A knight, with bravery, Thus prevents the crime. Count - Though of your hideous life No one sundered the strands, Upon my word! You shall leave this place, Yes, mysterious ghost! Trouvère - Of the furtive murderer God has thwarted the plan; It is He, upon my soul! Who guides me to this place. Léonore - Ah! Heaven shows itself to me. Together Léonore - Oh! This is a heavenly dream Sent to me at this moment! Thank you, my God! Make it come true, And bring my suffering to an end! Rapture of love! Sublime ecstasy! Restoring hope to my heart; Divine ray, your fire inflames me... I surrender to your power! Trouvère - No, I am not a ghost, a dream Sent to you at this tender moment. A sweet ray of hope goes up to heaven, To the heaven that shows its mercy on us. Rapture of love! Sublime ecstasy! Restoring hope to my heart, Your divine fire inflames me... I surrender to its power! Count / Fernand - Oh! He it not a ghost, a vision Out of Hell taking shape at this moment! Ah! What storm is about to rage, That will cause me, alas! Much suffering! Count - What a nightmare Is taking shape for me at this moment! Rapture of love, sublime ecstasy, Shall I, then, lose all hope? Just as, alas! The fire seizes me He takes it away from my power, Just as the ecstasy of love takes hold of me Alas! I must never see her again! Fernand - Alas! Ah, what a storm is breaking out! Rapture of love, sublime ecstasy, Shall he, then, lose all hope? She is no more in his power, No more hope is left for him! Inès / Nuns - Yes, today the merciful heaven Has taken pity on her suffering! Hope is restored to her heart, And God shows us His power. Retainers - Fate, at this moment, Disappoints the dream of a tender lover; Alas, she is no more in his power! Scene VIII The above, Ruiz, followed by a group of soldiers. Ruiz / Soldiers (rushing in) - Alive! Manrique! Trouvère - Ah! My friends! Ruiz Come! Come! Trouvère (to Léonore) Follow me! Count (challenging) - Audacious man! Ruiz / Soldiers - To arms! Trouvère (to the Count) - Back! Count You, take her away from me? Never! He brandishes his sword but is disarmed by Ruizs men. Fernand / Retainers - We are defeated! Count - Ah! Fury rages within me! Together Léonore / Inès - I tremble! I fret! Trouvère (to the Count) - Wretch! Yes, may your life be cursed! Ruiz / Soldiers - Master, yes, Our undertaking has heaven's blessing! Count - Oh! Madness! Fury! Ah! Curse on all of you! Fernand / Retainers - Give up, ah! Our undertaking has failed! Nuns - Ah! Fear stirs our souls!... Léonore / Trouvère (alone) - Of hope, of love, of happiness This enchanted hour Fills our spirit! Final ensemble Léonore / Trouvère - The two of us be united! Ruiz / Soldiers - The two of you be united!! Count / Fernand - The two of them be cursed!!.. Inès / Nuns - The two of them be blessed!! Retainers - Our efforts have failed!!... The Trouvère leads away Léonore. The Count is pushed back. The frightened nuns take refuge in the cloister. |
ACTE III Le fils de la bohémienne Un camp sous les murs de Castellor; à droite, la tente du Comte de Luna sur laquelle flotte une banniére, signe du commandement. Scène I Des sentinelles de toutes parts; quelques soldants jouent fourbissant leurs armes, d'autres se promènent, etc. Choeur de soldats, puis Fernand. Quelques soldats (jouant) - Les dés ont pour nous des charmes A bientôt le jeu des armes! D'autres soldats (fourbissant leurs armes) - Essuyons le sang du glaive, Mais demain Ni paix ni trêve! Quelques-uns - Que le siège enfin s'achève! Quelques autres - Nous faut-il attendre encor? Tous - Que demain le jour se lève Pour l'assaut de Castellor! Fernand (sortant de la tente du Comte) - Chers compagnons! Votre vaillance N'attendra pas longtemps. On garde à votre impatience Un butin magnifique, et des faits éclatants. Pour vos travaux la gloire est prête. Les soldats - Oui, demain la fête! Choeur - Que la trompette aux accents belliqueux Fasse éclater la fanfare guerrière! Nos ennemis nous verront avec eux Descendre armés dans la noble carrière. Le signal des combats Dans l'arène nous appelle, Courage, soldats! Dieu qui guide nos bras Nous promet un beau trépas, C'est la palme la plus belle! Et marche sur nos pas, En avant, fiers soldats! Nous partons tous joyeux à la voix de l'honneur, Trop heureux de mourir sous un signe vainqueur. Divertissements Pas de caractères, boléros, etc. Après les ballets tout le monde s'éloigne à la suite des bohémiens; la scène reste vide un instant. Scène III Le Comte sortant de sa tente et jetant vers Castellor un regard inquiet. Le Comte - Dans les bras d'un rival! Oh! Triste pensée Qui poursuit mon âme oppressée! Rageinsensée! Dans les bras d'un rival! Qu'il tremble! Au lever de l'aurore Luira l'instant fatal... O Léonore!!! Scène IV Le Comte, Fernand, Le Comte - Quel bruit? Fernand (accourant) - Autour du camp, Sous les yeux de la sentinelle, Rôdait mystérieusement Une bohémienne... Vers elle Un soldat court, et l'appelle Elle a fui... Le Comte - L'a-t-on prise? Fernand - Oui, certes. Elle est sur ma trace, (Le bruit se rapproche) C'est elle... Scène V Les Mêmes, Azucena les mains attachées et amenée par des soldats. Les Soldats (entraînant Azucena) - Allons! Avance! Avance! Azucena - A l'aide! Grâce! Plus de menaces! Quel est mon crime? Le Comte - Approche, Et tremble de mentir! Azucena - Parle. Le Comte - Où vas-tu? Azucena - Dieu le sait! Le Comte - Eh quoi! Azucena - La pauvre bohémienne erre au loin sans projet, Tremblante, poursuivie, J'ai pour abri le ciel, le monde pour patrie. Le Comte - D'où viens-tu?... Azucena - De Biscaye, où la terre flétrie Au pauvre refuse la vie. Le Comte - De Biscaye? Fernand (à part) - Ah!... ce nom! ... Dieu! Quel soupçon! O Azucena - Je vivais pauvre et sans peine, Comme une humble bohémienne, Et ma vie était joyeuse ... Par mon fils j'étais heureuse. Mais l'ingrat, hélas! M'oublie. Je suis seule et je mendie En cherchant, dans ma folie, Cet enfant Que j'aime tant! Ah! Jamais sur cette terre Amour de mère Ne fut égal à cet amour! Fernand (à part) - Cette femme Le Comte - En Biscaye as-tu fait long séjour? Azucena - Oui! Oui! Le Comte - Te souvient-il? Voilà vingt ans, un jour, Le fils d'un comte fut ravi dans son berceau Et transporté loin du château! Azucena - Qui donc es-tu? Toi? Le Comte - Je suis frère De cet enfant. Azucena - Ciel! Fernand (à part) - C'est bien elle! Azucena - Prenez pitié de ma douleur amère, Soyez clément, cédez à ma prière! En liberté laissez la pauvre mère Chercher l'enfant Qu'elle aime tant! Fernand - Arrête! Azucena - Mon Dieu! Fernand (à part) - C'est elle! (Haut) Oui, voilà devant nos yeux la criminelle Le Comte - Achève! Fernand - C'est elle! Azucena - Silence! Fernand - C'est elle qui brûla J'enfant! Le Comte - Ah! Malheureuse! Azucena - Il ment! Le Choeur - Oui, c'est elle! Le Comte - La mort ici t'attend. Tremble! Azucena - Ciel! Le Comte - Pour toi le châtiment! Azucena - Grâce! Le Choeur - La mort t'attend!!! Azucena - Défends ta mère! O toi mon fils! Manrique! Accours! Ah! Viens, mon fils! A mon secours! Le Comte - De Manrique elle est la mère! A moi ton sang, tes jours! Fernand - Tremble! Azucena - Barbares! Laissez-vous toucher! Pitié pour mon martyre! L'angoisse me déchire, Dans la douleur j'expire! Qui donc peut m'arracher A leur cruel délire! (Au Comte) Tremble! Le ciel m'exaucera! Le ciel un jour te punira! Ensemble Le Comte - Eh bien! Ton fils, Démon d'Enfer! C'était ce traître! Tous deux vous allez être Frappés du même fer. Plaisir de la vengeance, Je te goûte d'avance! Oui, mon frère, tes mânes outragés, Seront enfin vengés! Fernand et les Soldats - Dans un instant Vers le bûcher Tu vas marcher Pour la vengeance. Frémis d'avance! Nous punissons l'offense, N'attends nulle défense. Ah, redoute la vengeance! Tu vas mourir, démon d'Enfer! Ton fils et toi, soyez frappés du même fer. Azucena - Barbares, laissez-vous toucher, etc. Le Comte - Eh bien! Ton fils, Démon d'Enfer! Etc. Fernand - Tu vas mourir, Démon d'Enfer! A toi les gouffres de l'Enfer. Le Choeur - A toi les gouffres de l'Enfer, Dans les tourments expire, Tu vas mourir, Demon d'Enfer! Fernand, le Choeur et le Comte - Soyez frappés Du même fer, Ton fils et toi, Demon d'Enfer! Oui, vous mourrez par ce fer, Oui, il vous vengera, ce fer bientôt vous frappera. Sur un geste du Comte les soldats emmènent Azucena. Il rentre dans sa tente suivi de Fernand. Scène VI Une salle dans le château de Castellor; au fond une fenêtre avec un balcon. Le Trouvère, Léonore, Ruiz. Léonore (écoutant) - Quel est ce bruit lointain? Le bruit des armes! Le Trouvère - Tout nous menace en cet instant d'alarmes: Au lever du soleil nous serons assaillis. Léonore - Faut-il y croire! Le Trouvère - Mais sur nos ennemis Nous aurons la victoire, Je suis sûr de nos amis, De leur courage! (à Ruiz) et toi qui les conduis, Pars, pendant mon absence Redouble encor de vigilance! (Ruiz sort) Léonore - Ah! Quelle triste aurore a lui Sur notre hymen! Le Trouvère - Non! Bannis, chère idole, un noir présage! Léonore - Le puis-je! Le Trouvère - Ta main Est mon partage; De ma tendresse à jamais c'est le gage! O toi! Mon seul espoir, Sois à la crainte inaccessible! Tes yeux par leur pouvoir Me rendront invincible. Mais si le sort mystérieux Veut que ma triste vie Dans ce combat devant tes yeux Bientôt me soit ravie... Chère âme, si la vie Devait m'être ravie, S'il faut que je succombe... L'espoir console mes adieux! Pour nous reste la tombe, J'irai t'attendre aux cieux! On entend l'orgue dans la chapelle voisine. Léonore - Entends ces chants religieux, Le Trouvère - Du ciel écho mystérieux! Que Dieu bénisse Nos serments dans ce beau jour! Et que l'hymen unisse Nos deux coeurs unis par l'amour. Aloi mon seul amour! Ruiz accourt. Ruiz - O maître! Le Trouvère - Quoi... Ruiz (indiquant du côté de la fenêtre) - La bohémienne... Regarde... ployante sous sa chaîne. Le Trouvère - Que vois-le! Ruiz - Et les bourreaux cruels Préparent le supplice. Le Trouvère - O Dieu, tourments mortels! Ah! Je respire à peine... Léonore - O Manrique! Le Trouvère - Ecoute et frémis! Je suis... Léonore - Qui donc?... Le Trouvère - Son fils!!! Léonore - Ah!... Le Trouvère - Barbares! Affreux délire!... Hélas!... je le sens, J'expire ... Oui, pars, conduis nos gens, Va, va! Cours, va! Supplice infâme Qui la réclame! ... L'horrible flamme Va grandissant. Prête à l'atteindre Ah! Sans rien craindre, Je veux l'éteindre Avec leur sang! Ma pauvre mère! ... O peine amère! ... En Dieu j'espère C'est trop souffrir! ... Ma mère appelle Mon bras fidèle... Je dois près d'elle Vaincre ou périr!! Sauver ma mère Ou bien périr! Léonore - Souffrance extrême! Jour d'anathème! Funeste sort! Mieux vaut la mort. Le Trouvère - Bûcher infâme! Etc., etc. Scène VII Les Mêmes, Ruiz revient suivi de soldats. Ruiz et le Choeur (accourant) - Aux armes! Accourons! Aux armes, compagnons! ... Pour ta défense Avec vaillance, Il faut tous mourir! Le Trouvère - Ma pauvre mère, Je veux te sauver ou si non périr! Tous - Courons! ... Aux armes! Le Trouvère est suivi de Ruiz et des soldats qui brandissent leurs épées. Léonore paraît accablée par la plus grande douleur. |
ACT THREE The gypsy's son A military encampment outside Castellor; at the right is the tent of Count de Luna, on which flutters the commander's flag. Scene I Sentries are everywhere; there are groups of soldiers, some amusing themselves, others polishing their swords, others strolling about, etc. Chorus of soldiers, then Fernand. I Group of Soldiers (playing) The dice hold a special charm for us, But soon we shall play a game of swords! II Group of Soldiers (polishing their swords) - Let's wipe off the blood from our swords. But tomorrow Neither peace nor rest! I Group of Soldiers - May the siege finally end! II Group of Soldiers - How long shall we still wait? All the Soldiers - May tomorrow be the day Of our attack on Castellor! Fernand (coming out of the Count's tent) - Dear comrades! Your bravery Will not have to be curbed much longer. Your impatience shall be rewarded with A magnificent booty, and extraordinary deeds. Glory will crown your labours. Soldiers - Yes, tomorrow the dance will start! Chorus - Let the warlike trumpet Sound the call to battle! We shall see our enemies, armed, Take to the noble field. The signal to fight Calls us to the battlefield, Come on, soldiers! God, who guides us, Will grant us a good death, It is the most beautiful palm! And it walks in our footsteps, Forward, proud soldiers! We joyfully follow the honourable call, Happy to die under a victorious banner. Ballets Pas de caractères; boleros, etc. After the ballets, all go off following the gypsies; the scene remains empty for a few moments. Scene III The Count comes out of his tent and glances anxiously toward Castellor. Count - in the arms of my rival! Oh! Dreadful thought That tortures my oppressed soul! Madness! In my rival's arms! He must tremble! At the break of dawn His fatal hour will strike... Oh, Léonore!!! Scene IV The Count, Fernand. Count - What is this noise? Fernand (rushing in) - Near our camp, Right under the sentry's eyes, A gypsy woman Was lurking... A soldier dashed to her and called her, She fled... Count - Have they caught her? Fernand - Yes. She'll be here presently. (The noise gets closer) Here she is... Scene V The above, Azucena, with her hands bound and dragged in by some soldiers. Soldiers (dragging Azucena) - Come on! Get along! Get along! Azucena - For pity's sake! Stop tormenting me! What harm have I done? Count - Approach, And do not lie to me! Azucena - Speak. Count - Where are you bound to? Azucena - Only God knows! Count - What! Azucena A poor gypsy wanders aimlessly, without a plan; Frightened, pursued, The sky is her shelter, the world her country. Count - Where have you come from?... Azucena - Biscay, where the earth is barren, And denies life to the poor. Count - Biscay? Fernand (aside) - Ah! That name!... Lord! Can it be? Azucena - I lived in poverty and without troubles, A humble gypsy woman, And my life was happy... My son was my joy, But the ungrateful lad, alas! Forgot me. Now I am alone and a beggar, Looking, in my folly, For that son, Whom I love so dearly! Ah! Never on this earth A mother's love Equalled my love! Fernand (aside) - That woman.., Count - Have you lived long in Biscay? Azucena Yes, a long time! Count - Do you remember? Some twenty years ago, one day, A count's son was stolen from his crib, And abducted from the castle! Azucena - Who was it? You? Count - I am the brother Of that child. Azucena - Heaven! Fernand (aside) - It is she!... Azucena - Have pity on my bitter sorrow, Be merciful! Heed my pleading! Set free this poor mother, Let her look for the child She loves so dearly! Fernand - Stop! Azucena - Oh God!... Fernand (aside) - It is she!... (Aloud) Yes, here before our eyes is the criminal... Count - Continue! Fernand - It is she! ... Azucena - Be silent! Fernand - She is the one who burned the child! Count - Ah! Wretch! Azucena - He is lying! Chorus - Yes, it is she! Count - Death awaits you. Tremble! Azucena - Heaven! Count - You will be punished! Azucena - Have mercy! Chorus - Death awaits you!!! Azucena - Defend your mother! Oh my son! Manrique! Hurry! Ah! Come, my son! Come to my rescue! Count - She is Manrique's mother! I shall have your blood, your life! Fernand - Tremble! Azucena - Cruel men! Soften your hearts! Have mercy on my suffering! I am torn by grief, I am overwhelmed with misery!... Will nobody save me From their wicked madness? (To the Count) Tremble! Heaven will hear me! One day heaven will punish you! Together Count - What! Your son, Infernal devil! Is that traitor! The two of you will be felled With a single blow. Sweet revenge, I can already taste you! Yes, my brother, your ashes Shall be avenged at last! Fernand / Soldiers - In a moment You shall walk To your pyre To quench his thirst for revenge. Tremble now! We shall punish your crime, Expect no defence. Ah, fear his vengeance! You shall die, infernal devil! You and your son will be felled with one blow. Azucena - Cruel men! Soften your hearts! Etc. Count - What! Your son, Infernal devil! Etc. Fernand - You shall die, Infernal Devil! Be swallowed up by Hell. Chorus - Be swallowed up by Hell, Die amidst excruciating torments, You shall perish, Infernal Devil! Fernand, Chorus and the Count - Be felled By a single blow, Your son and you, Infernal Devil! Yes, you shall die by this sword, It will carry out my revenge, this sword will fall upon you. At a sign from the Count, the soldiers drag Azucena away. He enters his tent, followed by Fernand. Scene VI A hall in the castle of Castellor; at the back there is a balcony with a window. The Trouvère, Léonore and Ruiz. Léonore (listening) - What is that sound in the distance? A sound of arms! Trouvère - All threatens us at this dangerous hour: At dawn we shall be attacked. Léonore - Must we believe that! Trouvère - But we shall defeat Our enemies, I trust our friends, Their bravery! (to Ruiz) And you, their leader, Go, during my absence Be doubly vigilant! (Ruiz leaves) Léonore - Ah! What sad light shall dawn On our wedding day! Trouvère - Not Banish, dear love, such sombre thoughts! Léonore - How can I! Trouvère - To marry you Is my destiny; I pledge to you my eternal love! Oh, you! My only hope, Have no fear! Through the power of your eyes I shall be made me invincible. But if the inscrutable destiny Has in store that my sad life, In battle before your eyes, Come to an untimely end, Beloved, it my life Must come to an end, If I must die May hope comfort my last farewell! The grave is left for us, I shall await you in heaven, The nearby chapel organ is heard. Léonore - Listen to that holy sound Trouvère - Mysterious echo from heaven! May God bless The vows we exchange today! And may this wedding join Our hearts, which love has joined. To you all of my love! Ruiz enters in great haste. Ruiz - Master! Trouvère - What... Ruiz - (pointing) The gypsy woman... Look she is in chains, weeping. Trouvère - What do I see! Ruiz - And the rogues Are already preparing her pyre. Trouvère - Oh, God! Mortal grief. Ah! It takes my breath away!... Léonore - Manrique! Trouvère - Hear this and tremble! I am... Léonore - Who?... Trouvère - Her son!!! Léonore - Ah!... Trouvère - Barbarians! Cruel madness!... Alas! ... I feel I am dying... Yes, leave, lead here our people, Go, go! Haste, go! M Heinous torture That awaits her!... The horrid flames Are rising, roaring, Ready to consume her. Ah! Fearing nothing, I shall extinguish them With their blood! My poor mother!... Oh, bitter sorrow! I trust in God, Overwhelming suffering!... My mother appeals To my faithful arm... I come to save you Or to die with you!! I shall save my mother Or die! Léonore - Utter sorrow! Day of woe! Fatal destiny! Worse than death itself. Trouvère - Heinous pyre! Etc... Scene VII The above, Ruiz, who reappears followed by soldiers. Ruiz / Chorus (rushing in) - To arms! Let us haste! To arms, comrades!... We shall defend you With courage, If it is necessary, we shall die! Trouvère - My wretched mother, I shall save you or die! All - Let us haste! ... To arms! The Trouvère leaves followed by Ruiz and his soldiers, who are brandishing their swords. Léonore appears prostrated by qrief. |
ACTE IV Le supplice Une aile du palais de l'Aljaferia; dans l'angle une tour avec des fenêtres grillées par des barreaux de fer; nuit profonde. Scène I Deux personnes s'avancent enveloppées dans leurs manteaux. Ce sont Léonore et Ruiz. Ruiz (à voix basse, indiquant la tour) - C'est là! ... Voici la tour ou, sous sa chaîne, Victime de la haine, Le prisonnier subit sa peine. Léonore - Va, laisse-moi. Ne crains rien pour moi-même, et je sauve sa tête. Ruiz sort, Non, plus d'effroi! Indiquant la bague qu'elle porte. La mort est là toujours sûre et prête! Dans cette nuit profonde, oui je suis près de toi, Mon bien aimé! Léger zéphyre, O douce brise, allez lui dire Que près de lui je soupire! ... Brise d'amour fidèle, Vers sa prison cruelle Emporte sur ton aile Les soupirs de mon coeur! Sommeil, sur sa paupière Etends ta main légère, Et calme sa misère Par un rêve enchanteur, Douce erreur! Mon Dieu, veuillez lui taire L'excès de ma douleur! On entend la cloche des morts. Choeur (en dehors) - Miserere!!... Pitié pour notre frère Qui va quitter, Seigneur, la terre! Miserere!! ... Des cieux bonté sublime, Sauve un mortel de l'éternel abîme! ... Léonore - Ces voix en prière, Ce chant funéraire Remplissent la terre De sombre terreur... Cette heure est maudite! Mon âme palpite... L'effroi qui m'agite Déchire mon coeur! ... Le Trouvère (dans la tour) - Dieu que ma voix implore, Fais-moi bientôt mourir! C'est trop longtemps souffrir... Adieu, ma Léonore! ... Léonore - Dieu, je t'implore! Reprise du choeur - Miserere!... etc. Léonore - La mort m'environne! ... Déjà l'heure sonne ... Mon âme frissonne ... Il meurt sous mes yeux! S'il faut qu'il succombe, Eh bien! Que je tombe! Dormons dans la tombe, Vivons dans les cieux! ... Nayons qu'une tombe pour nous deux. Le Trouvère (dans la tour) - Je meurs heureux encore Si ton coeur est à moi! Un souvenir de toi! ... Adieu, ma Léonore! ... Léonore - O toi, lui que j'adore, L'angoisse me dévore ... Je veux te voir encore! Ta plainte me dévore! Le Choeur - Miserere! ... A ce moment le Comte paraît suivi de quelques hommes d'armes. Léonore se tient à l'écart. Scène II Léonore, le Comte. Le Comte (aux hommes d'armes) - C'est l'ordre: Que le fils soit puni par la hache, Puis, la mère au bûcher! Les hommes d'armes entrent dans la tour. Sur ce félon que la honte s'attache! Qu'il meure ainsi qu'un lâche! A ma fureur rien ne peut l'arracher! Léonore!... oh! cruelle!... Castellor est repris, mais je ne sais rien d'elle! En vain partout je l'ai fait rechercher... Où donc est la rebelle?... Léonore (s'avançant) - En ta présence! Le Comte - O ciel! Quoi! Dans ces lieux?... Léonore - Moi-même! Le Comte - Que veux-tu donc? Léonore - Il va mourir, et tu demandes Ce que je veux! ... Le Comte - Et se peut-il que tu prétendes... Léonore - Pitié pour lui! Voi C'est moi Qui te supplie! Le Comte - O folie! Léonore - Pitié! Le Comte - Non, non, Jamais grâce, ni merci! Léonore - Ah! Sois clément!... Que Dieu t'inspire! Le Comte - Non! La vengeance est mon seul Dieu. Léonore - Grâce pour mon martyre! Le Comte - Non! Je dois accomplir mon voeu! La vengeance est mon seul Dieu, C'est le but auquel j'aspire! Léonore - Pitié! Pitié! J'expire... Le Comte - Non, jamais! Léonore - Grâce! Contemple mes douleurs! Grâce pour mon martyre! A tes genoux je tombe en pleurs, Je suis en ta puissance! Ah! Plutôt prends mon sang! Et lève Sur moi ton glaive! Pour moi ce jour est le dernier, Mais sauve le prisonnier! Le Comte - Rien ne peut le sauver D'un supplice effroyable! C'est toi qui te livras à ma haine implacable, Plus grande est ta tendresse Et plus dans mon transport Je songe avec ivresse Aux tourments de sa mort. Ensemble Léonore - Ah! Pour moi ce jour est le dernier, Mais sauve le prisonnier!... Le Comte - Plus grande est ta tendresse Et plus dans mon transport etc. Léonore - Ah! Grâce, viens prendre ma vie! Mon âme te prie. Ah! Par pitié, grâce pour mon amant! Le Comte - Ah! Tu redoubles mon fureur! Tu l'aimes!... Pour lui la mort! Léonore - Ah! Pour moi ce jour est le dernier, Mais sauve le prisonnier!... Le Comte - Pour lui ce jour est le dernier, Périsse le prisonnier! Le Comte veut s'éloigner, Léonore le retient. Léonore - Comte! Le Comte (la repoussant) - Arrière! Léonore - Grâce! Le Comte - Rien ne saurait le sauver sur la terre! Rien!... Léonore - Il est pourtant un prix... Eh bien, Je te l'offre! Le Comte - Et lequel? Léonore - Moi-même!... Le Comte - Que dit-elle? Léonore - Qu'il vive! Et moi... je t'appartiens! Le Comte - Toi!... qu'il aime!... Léonore - Qu'un seul moment Il puisse au moins m'entendre! Qu'il parte, et mon coeur va se rendre. J'en fais serment! Le Comte - Tu le jures! Léonore - J'en fais serment Par le Dieu qui me voit et m'entend! Le Comte (appelant) - Holà!... Un geôlier paraît, Le Comte lui parle bas. Pendant ce temps, Léonore avale le poison contenu dans sa bague. Léonore (à part) - Mais il n'aura bientôt qu'un cadavre! Le Comte (revenant près de Léonore) - Il vivra! Léonore (à part) - Sauvé! Sauvé! Bonheur divin! Merci, bonté céleste! Mon coeur respire enfin... Plus de terreur funeste! Espoir longtemps par moi rêvé! Heureuse au moins j'expire... Je peux lui dire encore: C'est moi qui t'ai sauvé! Le Comte - Un seu regarde, moins inhumain, D'amour rayon céleste! Plus de rigueur funeste! Tu m'appartiens enfin. Oui, que ton regard, sur moi levé, De feux plus doux s'inspire! Rends-moi, dans un sourire, Le ciel que j'ai rêvé! (A part) Elle est à moi! Extase d'amour brûlante! Léonore (à part) - Non! Plus de plainte, plus d'effroi!... (Haut) Partons! Je t'ai juré ma foi! Ils entrent dans la tour. Scène III Un cachot; d'un côté une fenêtre grillée; au fond, à droite une porte; une lampe à demi éteinte est suspendue à la voûte. Azucena, couchée sur un grabat, le Trouvère, assis près d'elle. Le Trouvère - Mère! Tu dors! Azucena - Sous ces voûtes de pierre, Le sommeil fuit ma brûlante paupière, Je prie... Le Trouvère - Par le froid, tes membres engourdis Languissent... Azucena - Non, ces murs maudits, Cette tombe, Où je sens que j'étouffe... ah! Je veux en sortir, Car je succombe Le Trouvère (avec désespoir) - Et comment fuir? Azucena - Plus de tristesse. Mon corps résiste au tourment qui l'oppresse. Le Trouvère (à part) - O douleur! Azucena - Vois si la mort, sur mon front, A mis sa froide empreinte! Réponds, réponds sans crainte. Le Trouvère - Ah! Azucena - Il n'auront Qu'un cadavre glacé, muet dans son suaire. Le Trouvère - Mon Dieu!... Azucena - Ecoute..., approche..., ah! Ce sont les bourreaux! On me traîne au bûcher!... Défends, défends ta mère!... Le Trouvère - Personne... pauvre mère, Tout dort dans le mystère... Azucena (avec épouvante) - Le bûcher! Le bûcher!... Le voilà! Horrible! horrible!! Un jour, Par des barbares ton aïeule Fut trainée au bûcher! Ah! vois... la flamme seule Brille en ce noir séjour... Vois... la victime... aux flammes on la livre... Tout son corps se consume... elle a cessé de vivre... Loin de moi ce spectacle d'horreur!... Le Trouvère - Ah! que d'un fils une tendre parole Touche ton âme et la console! Que l'effroi qui t'agite s'appaise enfin. Dors ma mère, Et sur mon sein repose. Azucena - La fatigue à la fin m'excède; Au doux sommeil, malgré moi, je cède. Mais qu'au supplice je te précède! Si le feu brille, éveille-moi! Le Trouvère - Repose en paix dans le calme d'un songe! Qu'un doux mensonge Plane sur toi! Azucena (qui s'est presque assoupie) - O ma patrie! O chère Espagne ! Mon fils m'emmène à ma montagne, Et, sur sa lyre, il s'accompagne, Chantant toujours, Ses chants d'amour. Le Trouvère - Viens, ô ma mère! Dors près de moi! Que ma prière Veille sur toi! Mon Dieu, pitié, Pour ma mère en ce jour. Repose, ma mère, ton fils en prière Veille en ce jour. Azucena s'endort. Le Trouvère reste à genoux auprès d'elle. Scène IV Les Mêmes, Léonore. Le Trouvère (voyant entrer Léonore) - Quoi! Qu'ai-je vu! ... Rêvé-je encore! ... Léonore - C'est moi! C'est moi! Ensemble - Ta/ma Léonore! Le Trouvère - Dieu clément pour nous, Dieu lui-même Ici t'envoie à mon heure suprême. Léonore - Moi je te sauve, Et tu vivras! Le Trouvère - Moi! Vivre!... Léonore - Oui, je te délivre... Va, va... hâte-toi de partir! Le Trouvère - Et toi? Léonore - Je ne dois pas fuir... Le Trouvère - Pourquoi? Léonore - Vat'en! Le Trouvère - Non! Léonore - Tes fers, je les brise! Le Trouvère - Non! Léonore - Ta vie!... Le Trouvère - Je la méprise!... Léonore - Oui, de grâce! Le Trouvère - Non! Léonore - Ah! Ta vie! Le Trouvère - Je la méprise! Mais qu'un regard, qu'un mot me dise... La vie... à quel prix Viens-tu me l'apporter? Dis! Réponds, réponds! Eclair funeste!... C'est mon rival! ... Parjure! Ensemble Le Trouvère - Ah! cette infâme a vendu sa tendresse! Léonore - Jour de détresse! Le Trouvère - Elle a donné son amour sans regret! Léonore - Si tu savais quelle angoisse m'oppresse! Pour cet espoir que Dieu te laisse, Va, le temps presse... La mort se dresse... Une heure encore et c'en est fait! Le Trouvère - Infâme! Pendant cet ensemble, Azucena murmure dans son sommeil son refrain: Azucena - O ma patrie! O chère Espagne, etc. Le Trouvère - Ah! cette infâme a vendu sa tendresse! Léonore - Si tu savais quelle angoisse m'oppresse! Le Trouvère - Je te maudis pour ce lâche forfait! Léonore - Vois quel espoir le ciel te laisse, Cède à mes pleurs, ah! Cède a ma tendresse! Va! Le temps presse... La mort se dresse... Une heure encore et c'en est fait! Le Trouvère - Hélas! L'infâme! Ton coeur est sans regret. Léonore est tombée aux pieds du Trouvère. Arrière! Léonore - Quel martyre!.. . Grâce! Je souffre. Ah! vois... j'expire! Le Trouvère - Va! Perfide! Je te déteste. Léonore - Quels mots funestes As-tu dit là!... Il faut prier le ciel pour moi... mon heure sonne, Le Trouvère - Mon âme frissonne... Mon sang se glace!... Léonore - Manrique! ... Le Trouvère - Parle! Léonore - La mort est dans mon sein. Le Trouvère - La mort! Léonore - Et de ma main. L'effet de ce poison devait tarder encore... Le Trouvère - Léonore! ... Léonore - Tiens, ma main est froide... et là... C'est un feu qui dévore. Le Trouvère - Oh, Dieu puissant! Léonore - Plutôt que vivre et te trahir, Pure, j'ai voulu mourir! Le Trouvère - Qu'entends-je: Tu meurs pour moi, cher angel Et moi je t'accusai! Insensé! Léonore - Ce feu me brûle, quelle souffrance! Le Trouvère - Malheur!... Léonore - Manrique, Manrique, ah!! Pardon, mon Dieu, si mon amour t'offense. Plutôt que vivre et te trahir, Ah! Pûre j'ai voulu mourir. Trahir celui que j'adorais! Plutôt le perdre et pour jamais, Manrique adieu! Toi que j'amais, Moi te trahir! Jamais! Adieu, toi que j'amais! Scène VI Les Mêmes, le Comte, des hommes d'armes. Le Comte - Ah, l'ingrate est parjure Et pour lui veut perir. Ah, la perfide que j'amais m'échappe, Et pour jamais! Je la perds pour jamais! Ah, faut-il la perdre, hélas! Le Trouvère - Oh, noble coeur! Je blasphémais, pour moi tu t'immolais! Cher ange, lorsque pour moi, ah! Tu t'immolais, Faut-il te perdre pour jamais? Léonore, adieu, c'est pour jamais! Le Comte (voyant Léonore expirante) - Que l'arrêt s'accomplisse! Le Trouvère (emmené par des soldats) - Mère, adieu ma mère! Choeur - Miserere, priez pour notre frère Qui va quitter la terre. Miserere! Descends bonté sublime, Sauve un mortel de l'éternel abîme. Azucena (s'éveillant peu à peu) - Oh, ciel! Ce chant de mort! Mon fils, ou donc est-il? Mon fils, mon fils! Le Trouvère - Ma mère, sois bénie! Azucena - Ah, ils vont tuer mon fils! Le Trouvère - L'heure du martyr! Azucena - Mon Dieu, pitié pour lui! Choeur - Il va mourir. Le Trouvère - Oh, Léonore, hélas, j'expire! Je vais te suivre au ciel! Le Comte - L'hache est prête, Et ma vengeance est satisfaite. Choeur (en dehors) Miserere ... etc, Coup de tambour. Azucena (éperdue) - Ah! Le Comte - Regarde... A ce moment le fond du théâtre s'ouvre. On aperçoit l'échafaud entouré de pénitents. Le bourreau se tient appuyé sur sa hache. Près du billot un drap rouge recouvre le corps de la victime. Azucena - Mort! Il est mort!... Avec une ironie féroce. Eh bien... c'était ton frère!! Le Comte - Jour d'horreur! Azucena - Le ciel a vengé ma mère! ... (Elle tombe expirante.) Le Comte (épouvanté) - O terreur!!! ... FIN |
ACT FOUR The execution A wing of the Aliaferia palace; at one corner a tower with barred windows; it is night. Scene I Two cloaked figures step forth: Léonore and Ruiz. Ruiz (softly, pointing to the tower) - It is there! ... There is the tower where, in chains, A victim of hatred, The prisoner is held. Léonore - Go now! Leave me, Have no fear for me, I shall save him. Ruiz leaves. No more fear! Looking at a ring she is wearing. Death is here, certain and ready! In this dark night, I am close by, My beloved! Soft zephyr, Sweet breeze, go and tell him That I am near him, sighing!... Breeze of faithful love, To his cruel cell Bring on your wings The sighing of my heart! Sleep, over his eyelids, Stretch your weightless hand, And soothe his grief With an enchanting dream, Sweet deceit! My God, let him not know How deep my sorrow is! The death knell sounds. Chorus (from without) - Miserere!!... Have mercy on our brother, Lord, Who is going to leave this earth! Miserere!!... God in heaven, Save his soul from eternal damnation!... Léonore - These prayers, This mournful song Fill the earth With dread... This hour is cursed! My soul is anguished... The fright that agitates me Rends my heart!... Trouvère (from the tower) - God, I implore you, May death come fast to me! How long this suffering is... Farewell, my Léonore!... Léonore - God, I implore you! Chorus - Miserere! ... etc. Léonore - Death is all around me!... The hour is striking... My soul is fretting... He dies before my eyes! If he must die, Well! I will die too! We shall rest together in the grave, We shall live together in heaven!... May a single grave receive us. Trouvère (from the tower) - I die happy Knowing your heart is mine! Never forget me! Farewell, my Léonore!!... Léonore - Oh, you, you that I adore, I am crushed by grief. I want to see you again! Your lament is heart-rending! Chorus - Miserere! The Count appears, followed by some soldiers. Léonore draws aside. Scene II Léonore, Count de Luna. Count (to the soldiers) - This is my order: The son be executed by the axe, And then the mother at the stake! The soldiers enter the tower. Shame on that rogue! Let him die like a coward! Nothing can save him from my fury! Léonore!...oh! Cruel woman!... Castellor has been retaken, but I have heard nothing of her! In vain have I searched for her everywhere... Where is that rebellious woman?... Léonore - Right before you! Count - Oh, heaven! In this place?.. Léonore - I myself! Count - Why have you come here? Léonore - He is about to die, and you ask me Why I have come!... Count - Surely you cannot expect... Léonore - Have mercy on him! It is I Who implores you! Count - On, madness! Léonore - Mercy! Count - Never, never, Neither pity nor mercy! Léonore - Ah! Be merciful! Let God inspire mercy in you! Count - No! Vengeance is my only God. Léonore - Have pity on my grief! Count - No! I must fulfil my vow! Vengeance is my only God, It is all that matters to me! Léonore - Have pity! Have pity! I am dying Count - Never! Léonore - Mercy! Look at my grief!... Mercy on my suffering! I fall at your feet in tears, I am in your power! Ah! Then spill my blood! Lift your sword upon me! This day be my last day, But save the prisoner! Count - Nothing can save him From a fearful agony! You have delivered yourself to my implacable hatred, The greater your tenderness The greater my pleasure When I think of Of his excruciating death. Together Léonore - Ah! This day be my last day, But save the prisoner!... Count - The greater your tenderness The greater my pleasure etc. Léonore - Ah! Mercy, take my life! My soul beseeches you. Ah! Have pity, mercy on my beloved! Count - Ah! You increase my fury! You love him! ... He will die! Léonore - Ah! This day be my last day, But save the prisoner!... Count - This day be his last day, Die the prisoner! The Count attempts to leave, Léonore clings to him. Léonore - Count! Count (pushing her away) - Back! Léonore - Mercy! Count - Nothing on this earth can save him! Nothing!... Léonore - There is a price that can buy him... And I offer it to you! Count - What price?_ Léonore - Myself!... Count - What is she saying?... Léonore - Make him live! And I ... shall be yours! Count - You! ... The woman he loves!... Léonore - Give me a few moments So that I can speak to him! Let him escape, and my heart is yours. I give you my word! Count - You swear it! Léonore - I swear to God, Who sees and understands me! Count (calling) - Ho, there!... A guard appears. Count de Luna whispers to him. Meanwhile Léonore swallows the poison in her ring Léonore (aside) - He shall have but a corpse!... Count (returning to Léonore) - He shall live! Léonore (aside) - Saved! Saved! On, Lord! I thank Thee! I can finally breathe... No more of this mortal fear! Hope, so long pursued! At least I shall die happy... I can tell him: You have been saved through me! Count - A single glance, less cruel, Heavenly gleam of love! No more fatal rigour! You are mine at last! Yes, let the glance you raise upon me, Be inspired by a softer light! Give me, with your smile, The heaven that I dreamed of! (Aside) She is mine! Ecstasy of love! Léonore (aside) - No more tears, no more fright!... (Aloud) Let us go! I gave you my word! They enter the tower. Scene III A prison; at one side there is a barred window; at the back, on the right, a door; a dim lamp hangs from the vaulted ceiling. Azucena lies on a rough pallet, the Trouvère is sitting near her. Trouvère - Mother! Are you asleep? Azucena - Under this stony vault, Sleep will not come to my eyes, I am praying... Trouvère - In the cold air Your limbs are becoming numb... Azucena - No, it is these cursed walls, This tomb, I suffocate... ah! I want to leave this place, For here I am dying... Trouvère (overcome by despair) - To flee! And how? Azucena - Banish all sadness. My body can withstand the harshness. Trouvère (aside) - Oh, woe! Azucena - Look whether on my brow You can perceive death's icy seal! Tell me, tell without fear. Trouvère - Ah! Azucena - They will find only A cold and stiff corpse, wrapped in its shroud. Trouvère - Good Lord!... Azucena - Listen... people are coming... Ah! It's the butchers! They are here to drag me to the stake! Defend your mother!... Trouvère - There is nobody... poor mother. All has fallen into a mysterious slumber... Azucena (fearfully) - The stake! The stake!... Over there! Horror! Horror!! One day By those barbarians your grandmother was led To the stake! Ah! Look... only its flames Light up that dark path... Look... the victim... they deliver her to the flames... Her body is consumed by the fire... she has died... Away from me so atrocious a vision!... Trouvère - Ah! May the tender words of a son Soothe your soul! May the fright that agitates you finally wane. Sleep my mother, Rest here on my chest. Azucena - Weariness weighs upon me; I must give in, in spite of me, to the gentle sleep. But let me go before you to the execution! If the fire is lit, wake me up! Trouvère - Rest peacefully, in quiet slumber! Let the sweet deceit Descend upon you! Azucena (falling asleep) - Oh, my country! Oh, my dear Spain! My son leads me to my mountain, And, over the chords of his lyre, He sings all day His songs of love. Trouvère - Come, mother! Sleep here beside me! While I pray and Keep watch over you! Lord, have pity On my mother today. Rest, my mother, your son Prays and keeps watch over you. Azucena falls asleep. The Trouvère kneels beside her. Scene IV The above, Léonore. Trouvère (seeing Léonore enter) - What! She, here! ... I must be dreaming!... Léonore - It is I! It is I! Together - My/Your Léonore Trouvère - The merciful God, God Himself Sends you here at my last hour. Léonore - I have come to save you, And you shall live! Trouvère - I! Live! Léonore - Yes, I set you free... Go, go ... hasten, leave! Trouvère - And you? Léonore - I must stay Trouvère - Why? Léonore - Go away! Trouvère - No! Léonore - I break your chains! Trouvère - No! Léonore - It is your life! Trouvère - I care nothing for my life! Léonore - For pity's sake! Trouvère - No! Léonore - Ah! It is your life! Trouvère - I care nothing for my life! But look at me, and tell me... My life... at what price Do you intend to save it? Speak! Answer me! Horrible thought!... It is my rival!... Perjured woman! Together Trouvère - Ah! This wretch has sold her love! Léonore - Day of woe! Trouvère - She has given away her love without remorse! Léonore - If you knew what anguish torments me! For this chance that God is granting you, Go, time is short Death is getting ready One more hour and all will be over! Trouvère - Wretch! While they sing the above ensemble, Azucena mumbles in her sleep: Azucena - Oh, my country! Oh, my dear Spain! Etc. Trouvère - Ah! This wretch has sold her love! Léonore - If you knew what anguish torments me! Trouvère - I curse you for your cowardly betrayal! Léonore - Think of the chance that heaven grants you, Yield to my tears, ah! Yield to my tenderness! Go, time is short... Death is getting ready... One more hour and all will be over! Trouvère - Alas! Wretch! Your heart has no remorse. Léonore has fallen at the Trouvère's feet. Go away! Léonore - What torture! Mercy! What suffering. Ah! Look I am dying! Trouvère - Go away! Perfidious woman! I despise you. Léonore - What terrible words You have pronounced!... You must pray for me... my last hour has come. Trouvère - My soul shudders... A chill runs through my veins!... Léonore - Manrique!... Trouvère - Speak! Léonore - Death lurks within my breast. Trouvère - Death! Léonore - By my own hand. The poison was supposed to take effect more slowly Trouvère - Léonore! Léonore - Touch, my hand is cold... but there... There is a consuming fire. Trouvère - Oh, almighty God! Léonore - Rather than live as a betrayer, I shall die! Trouvère - What do I hear! You die for me, dear angel! And I, I have cursed you! What a fool! Léonore - That fire is burning me, what torture!... Trouvère - Oh, woe!... Léonore - Manrique, Manrique, ah!! Forgive, my Lord, if my love offends you. Rather than live as a betrayer, Ah! I shall die. To betray him, whom I adored! I had rather lose him forever, Manrique, farewell! I, betray you, whom I loved! Never! Farewell, my love! Scene VI The above, Count de Luna, some soldiers. Count - Ah, the ungrateful woman is a perjurer And she is dying for him. Ah, the wicked woman I loved escapes from me, And forever! I am losing her forever! Ah, shall I lose her, alas! Trouvère - Oh, noble heart! I blasphemed, you sacrificed yourself for me! Dear angel, ah! Shall I lose you forever? Léonore, farewell, forever! Count (seeing Léonore dying) - Arrest him! Trouvère (led away by the soldiers) - Mother, farewell my mother! Chorus - Miserere, pray for our brother Who is going to leave this earth. Miserere! Descend, oh God, Save this mortal from eternal damnation. Azucena (slowly awaking) - Oh, heaven! That dreadful song! My son, where is he? My son, my son! Trouvère - My mother, be blessed! Azucena - Ah, they are going to kill my son! Trouvère - The time of the execution has come! Azucena - My God, have mercy on him! Chorus - He is going to die. Trouvère - Oh, Léonore, alas, I die! I am going to join you in heaven! Count - The axe is ready, And my vengeance is about to be taken. Chorus (from without) - Miserere... etc. A roll of drums is heard. Azucena (distraught) - Ah! Count - Look... The backcloth opens to reveal the block, surrounded by prisoners. The executioner is leaning on his axe. Nearby lies the victim's body, covered by a red cloth. Azucena - Dead! He is dead!... With fierce sarcasm. He was your brother!! Count - Day of woe!! Azucena - Heaven has avenged my mother! (She falls to the floor, dying.) Count (horrified) - Oh, terror!!!... THE END |